Cet article scientifique est pour moi l’occasion d’aborder le sujet du cheval qui mâchouille et lèche ses lèvres » sans nourriture. On peut le voir sous 2 prismes, celui de l’observation de terrain selon la tradition, croyance, avec peu ou sans fondement scientifique. Et celui de la recheche scientifique équines en présentant les résultats d’une étude de 2018.
Lors de nos interactions avec le cheval, lors d’apprentissages vous aurez certainement entendu de la part de votre enseignant cette phrase très répandue dans le milieu équestre : « il mâchouille c’est le signe qu’il apprend, qu’il se relâche »
De ce raisonnement découlent une série de conséquences sur la façon dont le cheval doit être entraîné, pour apprendre, c’est ce qu’on nous enseigne… Alors nous allons vérifier si ce concept se vérifie d’un point de vue scientifique.
Lors du congrès de l’ISES (International Society for Equitation Science), qui a eu lieu à Rome en septembre 2018, Margrete Lie, chercheur à l’Université norvégienne des sciences de la vie, a présenté ses derniers travaux réalisés en collaboration avec Ruth Newberry. Elles ont réalisé une étude pour découvrir les vrais raisons des comportements de mâchouillement et de léchage, observés sur les chevaux à l’entraînement. Qui sont souvent interprétés comme un signe de soumission ou comme une indication que le cheval apprend.
Or, les résultats de l’étude suggèrent que ce comportement,
qui est aussi observé dans les conditions naturelles, se manifesterait après une situation stressante. Ainsi, les scientifiques ont observé les comportements sociaux de chevaux sauvages, vivant entroupeau en Équateur. Il s’agissait de déterminer si le mâchouillement, appelé mastication non nutritive, était destiné à signaler la soumission à un autre cheval et si les chevaux présentaient ce comportement lors de situations de stress ou de calme.
Elles ont ainsi testé l’idée selon laquelle, lorsqu’un cheval (l’agresseur) approchait de manière menaçante d’un autre cheval (le receveur), le destinataire seul montrerait le comportement de mastication. Or, elles ont observé que ce comportement était effectué à la fois par les chevaux agresseurs et receveurs, réfutant ainsi l’hypothèse selon laquelle ce comportement serait un signal de soumission.

comportement de mastication se produisant lorsque les chevaux passaient d’un état tendu à un état détendu.
L’hypothèse avancée est que la mastication pourrait être associée au passage d’une bouche sèche causée par un stress (éveil sympathique) à une salivation associée à une relaxation (activité parasympathique).
En conclusion, les scientifiques ont proposé d’utiliser le mâchouillement comme un indicateur comportemental d’une situation préalable, ressentie comme stressante par le cheval. Elles souhaitent compléter ces résultats avec une étude comportant la mesure du stress.
En ce qui nous concerne, nous pouvons faire, sur la base d’études de ce type, c’est de prendre ce comportement comme un indicateur que la situation antérieure à celui-ci a été perçue par le cheval comme une situation stressante.